Angoulême

  • Encyclopédie de famille

Angoulême, chef-lieu du département de la Charente, a été longtemps la capitale de l’Angoumois. Sa population est de 22,970 habitants. Le poète Ausone est le premier qui, au quatrième siècle, fasse mention de cette ville. Elle tomba, pendant le règne d’Honorius, sous là domination des Visigoths, auxquels elle fut enlevée par Clovis après la victoire de Vouillé. Les Normands la ravagèrent au neuvième siècle. Elle fut rebâtie au dixième. Sous Charles V, elle chassa sa garnison anglaise, service que ce roi récompensa par le privilège de la noblesse pour ses maires, échevins et conseillers. Ce droit fut supprimé en 1667, et rétabli ensuite, mais pour le maire seulement. En 1568 elle avait été ravagée par les calvinistes. Plus de cinquante ans auparavant, François Ier l’avait érigée en duché, en faveur de sa mère. Cédée, depuis, en engagement, à Charles de Valois, elle fut réunie à la couronne en 1710. Louis XIV en fit l’apanage du duc de Berry, et les princes de la maison royale en conservèrent le titre jusqu’en 1830. Sous la Restauration, la charge de grand amiral ayant été donnée au duc d’Angoulême, on crut devoir placer dans la ville dont il portait le nom la pépinière de nos futurs marins ; par suite de cette bizarre combinaison, l’école de marine se trouva au centre des terres, sur le sommet d’une montagne. Elle a été transférée à Brest, sur un bâtiment de guerre, en 1830. Le siège épiscopal d’Angoulême date du troisième siècle. Cette ville a été longtemps la résidence des comtes, d’abord gouverneurs, puis souverains du pays. Elle est l’entrepôt d’un commerce très actif en eaux-de-vie, vins, sel et denrées. La cathédrale est remarquable.

Le premier comte bénéficiaire d’Angoulême, ou plutôt de l’Angoumois, fut Turpion, que Louis le Débonnaire investit de cette dignité en 839, et qui fut tué dans un combat contre les Normands, le 4 octobre 863. Emenon, son frère et son successeur, ne lui ayant survécu que trois ans, Charles le Chauve donna l’investiture de l’Angoumois et du Périgord à un seigneur puissant, nommé Wulgrin, son parent, qui fut père d’Alduin Ier, comte d’Angoulème en 886. Guillaume Ier, son fils et son successeur en 916, fut surnommé Taillefer, à la suite d’une bataille livrée aux Normands, dans laquelle, armé d’une épée, il fendit d’un seul coup et jusqu’à la ceinture Storis, chef de ces barbares. C’est l’origine du nom de Taillefer adopté par sa postérité. Un fait qui n’est pas moins extraordinaire, et dont toutes les chroniques rendent témoignage, c’est que la force prodigieuse de ce comte et sa valeur passèrent comme héritage à tous ses descendants. Arnaud Mauzer, son fils naturel, reconquit l’héritage de son père sur les enfants d’Arnaud Bouration, comte de Périgord, qui s’en étaient empares. Guillaume Taillefer II, qui prit possession du pouvoir en 987, eut deux fils, Alduin II et Geoffroi Taillefer, comtes d’Angouléme en 1028 et 1032. Les enfants du premier furent exclus de sa succession par Geoffroi, et se retirèrent en Périgord, dans les biens d’Alaaz de Fronsac, leur mère. En 1181 s’éteignit cette race des Taillefer, entièrement dépouillée par l’Angleterre, contre laquelle elle avait soulevé presque tous les grands vassaux de la Guienne, à l’instigation du roi Philippe-Auguste.

Hugues X de Lusignan, comte de la Marche, mari d’Isabelle d’Angoulême, hérita de ce comté en 1201, et fut le fondateur d’une seconde race, laquelle s’éteignit en 1303 dans son arrière-petit-fils, Hugues Xin de Lusignan. Cependant Guy de Lusignan, son frère, s’empara de son héritage, dont il avait été expressément privé par le testament de Hugues XIII pour lui avoir fait la guerre. Le roi Philippe le Bel, ayant à venger ce grief et à punir la défection de Guy de Lusignan, qui venait de livrer Cognac et Merpins aux Anglais, confisqua sur lui les comtés de la Marche et d’Angoulême. Ce dernier comté (érigé en duché au mois de février 1515) devint successivement l’apanage de Louis d’Orléans ; de Jean d’Orléans son fils, en 1407 ; de Charles d’Orléans, fils de Jean, en 1467 ; de Louise de Savoie, sa veuve, mère du roi François Ier, morte en 1531 ; de Diane de France, fille naturelle du roi Henri II, en 1582 ; de Charles de Valois, fils naturel de Charles IX et de Marie Touchet,en 1619 ; de Louis-Emmanuel de Valois, son fils, en 1650, tous deux auteurs de curieux mémoires ; et de Marie-Françoise, fille de Louis-Emmanuel, son héritière, en 1653, alors mariée avec Louis de Lorraine, duc de Joyeuse, morte sans postérité, le 4 mai 1696, époque de la réunion définitive du duché d’Angoulême à la couronne.