Alcooliques

  • Médecine
  • F. Rattier
  • Encyclopédie moderne

Alcooliques. Nous rassemblerons dans cet article tout ce qui est relatif aux propriétés médicinales de l’alcool et de ses divers composés médicamenteux désignés par les termes de teintures, eaux spiritueuses, élixirs, baumes, esprits aromatiques : nous ferons observer que ces dénominations vieillies ont été remplacées par celle d’alcoolats, qu’on divise en simples et en composés.

L’alcool, à son état de pureté, peut à juste titre être placé au rang des médicaments irritants. Appliqué à la peau, il en détermine promptement la rubéfaction ; mis en contact avec l’appareil digestif, il produit un sentiment pénible de chaleur et de brûlure, la fièvre s’allume, et le cerveau en ressent une excitation plus ou moins considérable, suivant la dose qu’on a mise en usage ; ces désordres peuvent aller jusqu’à l’inflammation la plus intense et la plus funeste.

On n’emploie jamais l’alcool pur à l’intérieur : ses effets sont ceux d’un poison plutôt que d’un médicament ; à l’extérieur, on s’en sert comme, d’un excitant très actif, lorsqu’on veut augmenter l’action de la peau, ou celle des parties sous-jacentes ; c’est ainsi que dans l’accouchement, des frictions alcooliques sur l’abdomen hâtent les contractions ralenties de l’utérus ; que dans les rétentions d’urine par atonie, le même moyen amène l’excrétion désirée. Quelquefois aussi quand on a besoin d’une vésication prompte et énergique, on enflamme de l’alcool à la surface de diverses parties du corps.

La pharmacie tire de cet agent des ressources multipliées. Aucun véhicule n’est plus favorable pour saisir la partie active des médicaments ; il dissout avec facilité ceux qui sont réfractaires à la plupart des autres menstrues ; tels sont le camphre, le musc, les résines, les térébenthines, etc. ; il entre dans la confection des éthers.

Les alcoolats, indépendamment de la propriété stimulante de l’alcool qui en fait la base, jouissent des vertus propres aux médicaments qui les composent ; ils sont toniques, antispasmodiques, fébrifuges, etc. L’action de l’alcool se perd assez souvent parce que les alcoolats se donnent, pour la plupart du temps, dans un véhicule plus ou moins abondant. Cependant il en est qu’on administre isolément, par exemple, la teinture de gentiane, l’élixir de Garus.

Les médicaments alcooliques étaient jadis d’un usage énorme en France ; il est encore considérable chez les Anglais, les Allemands, les Russes. Depuis la réforme opérée par la doctrine physiologique, cette médication n’est plus mise en œuvre que dans un petit nombre de cas et avec beaucoup de réserve.