Abencerrages et Zégris

  • Encyclopédie moderne

Abencerrages. et Zégris, nom de deux prétendues factions, qui, tour à tour maîtresses de Grenade, se seraient livré dans cette ville les plus terribles combats, et auraient, par cette guerre intestine, hâté la chute de l’empire arabe en Espagne.

Le livre où ces deux factions sont mentionnées est intitulé, Histoire des factions des Zégris et des Abencerrages, chevaliers maures de Grenade des guerres civiles qu’il y eut en celle-ci, et des combats singuliers qu’il y eut en la plaine entre les Maures et les chrétiens. Suivant l’auteur de ce roman, Ginés Pérez de Hita, Aben-Hamin, l’un de ces Maures espagnols que la conquête de Grenade avait forcés de se réfugier en Afrique, avait composé un livre, qui, donné par son petit-fils, Argutaafah, à un savant juif nommé Rabbi-Santo, aurait été, par celui-ci, offert à un comte de Baylen, de la maison des Ponce de Léon ; et l’histoire des Zégris et des Abencerrages ne serait que la traduction de ce livre. Quoi qu’il en soit, le roman ou la traduction de Ginés Pérez de Hita eut en Europe une vogue immense, et l’on en fit de nombreuses imitations ; nous ne citerons que celles qui ont vu le jour en France, l’Histoire des guerres civiles de Grenade, par mademoiselle de la Roche-Guilhem ; les Galanteries grenadines, par madame de Villedieu ; l’Almahide, par mademoiselle de Scudery ; Zayde, par madame de la Fayette ; enfin Gonzalve de Cordoue, par Florian, et le Dernier des Abencerrages, par M. de Chateaubriand.

Ce serait une tâche fort difficile que celle de rechercher ce qu’il peut y avoir de vérité historique dans les récits qui forment le fond de tous ces romans ; ce qu’il y a de certain, c’est que le royaume de Grenade fut déchiré, dans les derniers moments de son existence, par de nombreuses et terribles dissensions, derniers paroxysmes de la lutte que n’avaient cessé de se livrer en Espagne les Arabes d’Orient et les Maures d’Afrique. Ces guerres civiles avaient fourni le sujet d’un grand nombre de ballades et de romances, dont quelques-unes se retrouvent encore dans le Romancero général, et il est probable que l’ouvrage de Pérez de Hita n’est qu’un cadre imaginé par cet auteur ou par celui auquel il avait emprunté l’idée de ce livre, pour y placer la plupart de ces romances.